Les Prouesses du CLES sur la crête de Lure

Publié le 9 Septembre 2011

C’est après un réveil un peu difficile (4h45) que Henry, accompagné de notre président, vient me ramasser chez moi pour un départ en direction de Lure afin de courir le trail de la Belle à Lure. Au programme, 2 distances. Le 44km (2100 D+) sur lequel nous sommes tous les 3 inscrits ainsi que le 18km pour lequel mon père va prendre le départ un peu plus tard dans la matinée. Henry, Daniel et moi décidons de faire la course ensemble. Daniel veut faire une bonne sortie d’entraînement en préparation des 100km de Millau (« l’important c’est de faire des heures de courses » nous a-t-il dit, et vu qu’il est avec moi il va en faire des heures, il ne savait pas encore à quel point…), Henry veut rester avec nous pour finir l’épreuve et moi ben je veux me faire plaisir en passant du temps dans la nature avant mon retour sur Paris, pareil je ne savais pas encore à quel point j’allais y passer des heures...

8h15 le départ va être donné incessamment sous peu. Après un bref échauffement et une analyse rationnelle de la situation, nous affichons nos prétentions. 36 partants seulement pour le 44km dont 3 féminines, objectif ambitieux, finir dans les 40 premiers et le podium pour moi évidemment. Sans prétention, nous devrions facilement réussir ! Soyons fous, et pourquoi pas viser le top 30 (si Henry ne nous retarde pas trop bien sûr J). 

 

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Nous prenons un départ tranquille ne craignant pas les embouteillages. Au bout d’une petite heure de course, une erreur de parcours nous fait perdre le tracé mais rien de grave… mauvais présage pour la suite, nous ne savons pas encore à quel point….

Tout se déroule bien, Daniel en tête dans les montées s’arrête à chaque ravitaillement pour discuter et blablater avec tous les bénévoles qu’il prépare les 100km de Millau et donc qu’il doit courir longtemps, tout le monde le regarde avec des yeux qui sortes de leurs orbites, j’en profite pour prendre un peu d’avance dans les montées, suivit d’Henry qui ne s’attarde pas trop non plus. Me faisant traiter au passage de fille égoïste et individualiste qui n’attend personne par un certain D….l. Je ne fais pas attention à ces remarques déplacées et poursuit mon chemin étant évidemment rapidement rattrapée. Dans les descentes je file en tête de notre trio mais dans les montée je me contente de faire le serre file prétextant que je suis en pleine forme mais que je ne veux pas décourager Henry en lui passant devant (tout le monde sait pertinent que mon excuse est bidon, bref).

Nous arrivons sur la crête de Lure en discutant un peu histoire de faire passer cette grosse montée assez indigeste, nous rigolons sur le compte de Thierry G. qui va faire les 100km de Millau en tong l’année prochaine et puis surtout nous admirons le paysage. Nous continuons tout droit, percevant rapidement un balisage sur notre droite, trop occupé à contempler le paysage et à lutter contre le vent, nous ne comprenons pas qu’il faut effectivement tourner à droite (car le balisage continue plus haut de ce côté), d’autant plus que nous apercevons un coureur en peu plus loin devant nous sur le chemin principal.

Nous continuons à monter jusqu’à une vigie puis entamons une longue descente, arrivé à un croisement nous faisons un arrêt, pas de rubalise. Daniel dit : « mais ça fait un moment qu’on n’en voit plus de rubalise ! », et mois qui renchérit « de toute façon on ne peut qu’aller tout droit il n’y a pas d’autres chemin, l’organisateur a dit de rester sur le chemin principal quand il n’y avait pas de rubalise ». Nous continuons notre descente, soudain je propose d’appeler l’organisation pour leur demander de nous orienter correctement sur le parcours car visiblement nous sommes seuls. Henry insiste sur le fait que l’organisateur a dit au briefing qu’il n’avait pas mis de rubalise sur les grands chemins et donc que nous devrions continuer. Chose que nous faisons jusqu’au moment où je sors mon téléphone et appelle. L’interlocuteur prononce les paroles suivantes : « vous êtes monté jusqu’à la Vigie mais il fallait tourner bien avant ». Si ce n’était que ça, pas de problème sauf que nous avons descendu plusieurs kilomètres après cette fameuse vigie. Il faut tout se retaper avec le vent de face, le moral est au plus bas, je confie aux garçons que si j’avais été seule j’aurai certainement pleuré mais bon une telle chose ne serait jamais arrivée vu mon sens de l’orientation hors normes J. Heureusement qu’on avait les téléphones. Il faut préciser que sur la ligne de départ un peu plus tôt dans la matinée, Henry m’avais regardé avec un air étonné en me disant « ha bon, tu prends ton téléphone toi » l’air de dire franchement à quoi ça sert. Et oui tu vois, ça sert !!

Nous parvenons tant bien que mal à retrouver la crête et progressons lentement en direction de ce fameux croisement manqué, nous rejoignons 2 coureurs perdus eux aussi.

Nous nous disputons tous 3 sous fond de rigolade, chacun reportant la faute sur l’autre et tentant tant bien que mal de se déculpabiliser, il faut l’avouer, chacun y est bien pour quelque chose. Vous connaissez le film « les randonneurs », et ben c’était nous !! Bon moi je ne veux pas en rajouter mais si on n’est pas descendu encore plus bas c’est bien grâce à mon coup de téléphone bref…

Soudain un 4*4 de l’organisation arrive et vient interrompre notre charmante discussion, un pompier vole à notre secours (Geneviève ne soit pas jalouse !!) et nous propose de nous ramener sur le parcours à encore 2km, nous nous entassons à 6 dans ce mini 4*4. Henry me dit « Geneviève aurait été contente d’être ici avec nous, c’est pas toutes les 2 qui vous étiez faite ramenées par 2 pompiers à Ollioules, Geneviève prétextant une entorse à la cheville », à moi de confirmer. Fermons la parenthèse, sur les pierres le 4*4 tangue de droite à gauche puis ce dernier finit par nous déposer, nous sommes frigorifiés mais il faut repartir, la question de rentrer s’est posée (un coureur a pris cette option) mais pour notre trio de choc pas question d’abandonner, ce n’est pas dans nos habitudes... Nous repartons avec un autre courageux. A ce stade de la course, il faut bien le dire, nous sommes derniers et les autres sont trèssss loinnn. Il nous reste plus de 30km et nous avons fait pas mal de rab (une vingtaine au total pour l’instant). La suite de la course s’entrecoupe d’arrêts bien accentués à chaque ravito, Daniel blablate sur ses 100km, Henry branche les nanas de l’organisation et moi… ben je mange. Je n’ai jamais autant mangé sur une course, des morceaux de cake au fruit, du chocolat, des bananes, j’ai même bu de l’Orangina, c’est n’importe quoi. Certains sont déçus car il n’y a pas de rosé sur aucun des ravitaillements. Le rituel se poursuit ainsi à chaque ravito, les bénévoles nous font la hola quand nous arrivons tout sourire, ils nous demandent « c’est bien vous les derniers qui vous êtes perdus », oui oui c’est nous, « Désolé on ne nous vous a pas entendu pour manger notre pique-nique ». Les discutions de Daniel évoluent, ça part sur les motos de trial maintenant et moi je mange… on prend même le temps de regarder la carte du parcours, au point où on en est on a le temps de rentrer. Quand on leur demande si les derniers coureurs (avant nous) sont loin, on nous répond « oulala ils sont passés depuis loonnngtemppsss… ». Arrivés à la seule bifurcation 18km/44km, on nous propose de rentrer par la fin de parcours du 18km (7km de descente). Henry décide de rentrer avec un petit jeune qui s’était lui aussi perdu et que nous avons rejoint en cours de route. Et là je ne le traquerai pas sur son abandon, et pourtant vous savez que je ne manque pas une occasion de le charrier ce pauvre Henry, je ne sais pas comment il fait pour me supporter. Là je sais qu’il a raison mais moi je ne peux pas m’y résoudre, ça m’aurai laisser un goût amer d’une aventure inachevée et c’était pas possible pour moi. Daniel n’a pas trop le choix finalement, d’une part il ne peut pas me laisser seule sinon il va devoir rendre des comptes à mon père à l’arrivée et d’autre part il doit travailler son mental pour Millau. Je me demande même s’il n’a pas fait exprès de nous perdre… bref. Car croyez moi, il n’y a rien de plus efficace pour se forger un mental d‘acier que se remobiliser dans ces moments là sachant qu’il nous reste encore plus de 20km et qu’on est les 3 derniers de la course (un coureur de Manoque décide de nous accompagner et d’aller au bout de cette histoire). Henry joue les sauveurs en accompagnant le petit jeune dans un sale état et nous ben nous poursuivons, il n’y a rien d’autre à faire, nous discutons avec notre nouveau coéquipier, nous admirons les beaux paysages de la vallée du Jabron en contre-bas.

Et puis surprise après plusieurs heures nous commençons à remonter sur 2 coureurs, quel soulagement nous ne sommes plus derniers, nous passons le village de Monfronc, sur les portions de route goudronnée montantes, Daniel s’entraine, il monte au pas de course puis marche sur le plat en m’attendant, je le rejoints etc… notre duo est en marche, nous remontons encore des coureurs, mais bon on en a un peu marre (il reste une dizaine de kilomètres) tout autant de courir (ça fait long maintenant) que de se supporter ( J heureusement qu’on était 2). Petit single, grosse racine, Daniel trébuche, jolie roulé latéral en contre-bas, aux premières loges pour assister à ce geste technique, pas le temps de d’épiloguer, on continue. 2km avant l’arrivé, perte de l’itinéraire, recherche du balisage, un monte, l’autre décent, bim on retrouve la rubalise, on est au top ! Plus que 50m, on aperçoit 2 touristes, lunettes de soleil noire, confortablement assis au soleil, Henry et mon père qui nous encourage et nous mitraille de photos. Au village tout le monde nous attend, l’organisateur s’excuse pour ce balisage un peu limite, nous on est content d’être arrivé.

On aura quand même remonté 6 coureurs, mis 7h00 pour parcourir 52km (dont 2km en 4*4), je ne sais plus combien de dénivelé. On finit 21ème , objectif atteint, le top 30 et moi 3ème féminine. Ma collègue arrivée alors 2ème me fait les gros yeux en me voyant arriver à peine maintenant. La première n’est autre qu’Irina M. pour ceux qui la connaisse, même en faisant l’épreuve en moto on ne l’aurait pas suivie.

Après une douche rustique et froide au jet d’eau, nous allons manger. Nous partageons nos péripéties avec mon père. Ce dernier ayant fait une belle course en 2h10, 6ème V2, ayant joué au passage le kiné sauveur en venant en aide à un homme pris de crampe (il se voit arrêté en train de lui tirer les 2 jambes), ayant aussi joué le rôle du meneur d’allure pour la 2ème et la 3ème féminine. A l’arrivé l’une d’entre elle aurait même dit « merci monsieur vous m’avez bien tiré sur la crête ». Juste à ce moment, l’organisateur tend le micro à mon père. Après quelques blabla, celui-ci ajoute qu’il était content d’avoir aidé la jeune fille et que celle-ci l’avait remerciée de l’avoir tirée mais qu’il était quand même marié et qu’il ne fallait pas trop employer de termes comme ça au cas ou sa femme serait dans les parages. La pauvre fille ne savait plus où se mettre, à mon avis elle réfléchira par 2 fois avant d’employer ces termes là en course à pied….

Quant à nous, nous pensons détenir le record du plus grand nombre de kilomètre parcouru ce jour là, mais il y plus fou, un monsieur franchement plus très jeune en à fait 60 !!!  Il a bifurqué sur la fin du 18km au ravitaillement comme l’avait fait Henry, puis arrivé au village il remarque qu’il s’est trompé et remonte ces 7km pour regagner le parcours du 44km, tout simplement hallucinant, nous sommes des petits joueurs à côté de lui.

Daniel voulait courir longtemps et ben il a été servit, à quoi bon se plaindre, on a passé une journée dans les Alpes, on a bien visité et respiré du bon air… comme dirait Pierre de Coubertin, « l’important c’est de participer ». C’est aussi ça l’esprit trail.

 

Laurie A.

 

 

Commentaires : Par Henry M. : « Je vais rétablir la vérité !!! »

Il y a quand même  quelques vérités dans le récit de Laurie. Il faut dire qu'au " briefing" l'organisateur nous a prévenus ! Je le cite : " la rubalise ça me gonfle, les cadeaux t-shirt ça me gonfle ! Vous avez qu'a suivre les grands chemins vous me gonflez !!! " Donc là on part à 3, obliger de courir en sous régime pour attendre Laurie. Daniel me glisse a l'oreille : «  fais chier de l'attendre j'aurai pu faire un podium !!! ». Du coup perdu pour perdu, Daniel essai de refourguer des Hoka a tous les bénévoles qu'il croise donc arrêt de 35 min a tous les ravitos ! On n’a jamais autant bouffé sur un trail ! Et au bout de 15 bornes on suit 2 blaireaux comme des cons sans faire gaffe aux rubalises ! Pire on les double et Laurie attaque la descente tombeau ouvert !!! 4 kms plus loin, Daniel est inquiet et nous dit : « Ohhh ça fait longtemps que je n'ai pas vu de rubalise ??! », sur le coup je dis a Laurie : " appelle tout de suite l'organisation !!! Il faut dire que j'ai eu la présence d'esprit de lui faire prendre son portable ! Voici la discussion qui s'en ai suivi :
Laurie ‘’ mais non j'appelle pas , c'est bon c'est la bonne route !’’
3kms plus loin   -    Laurie: ‘’ bon j'appelle !’’
L'organisateur au tel : ‘’ faites demi tour !!!’’
On n’a pas voulu la contrarier… et là on se retape toute la montée, on arrive sur la crête et on retrouve les 2 coureurs qu'on avait insultés copieusement !
Deuxième passages à rectifier : Au 22ème kms, croisement des 2 courses 18 et 44 km, on retrouve le dossard  43 complètement explosé le pauvre gars, il n’en pouvait plus ! Et la je dis aux copains tant pis je me sacrifie, j'abandonne et je l'accompagne alors que j'étais en pleine bourre !  Daniel et Laurie on préférés tracer. Ils n’ont pas trop le sens de la solidarité ??!    Enfin c'était une belle journée quand même ! Et bravo a Daniel A, il a cartonné sur le 18 km....... ;-)

 

Rédigé par nicolux

Publié dans #RECITS DE COURSES-SORTIES-ACCIDENTS

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