Les aventures de Laurie A. dans les montagnes des Alpes

Publié le 28 Août 2010

Episode 1 : La Sky race de Nevache (ou mon premier trail de 40km)

 

 

L’idée de participer à cette course s’est imposée à moi dès l’instant où je l’ai repéré dans le calendrier. En effet, connaissant la vallée grâce aux randonnées, je me suis dit : celle-là il faut que je la fasse !! Consciente de la préparation que cela impliquait et consciente d’un certain handicap que représente le fait d’habiter Paris (puisque pas besoin d’y vivre pour savoir que la région manque considérablement de dénivelé… et d’altitude), je décide de m’y engager. C’est une première pour moi, un trail de 40km et pas des plus faciles puisque l’on monte 2 fois à 3000m d’altitude. Bon je ne compte pas le 50km de l’éco-trail de Paris puisque ça n’a rien à voir, le seul truc en commun c’est l’intitulé « trail ».

 

Le profil global de la course pour que vous puissiez suivre aisément le petit compte rendu qui suit : 40km, 2600m de dénivelé positif avec 2 montées à près de 3000m d’altitude (la 1ère à 2935 et la seconde à 3178).

2 grandes montées (et quelques bosses supplémentaires), chacune à l’un des 2 sommets :

-la 1ère sur 12km pour environ 1400m de dénivelé avec sa descente qui nous amène au 17ème km avec le ravito, suivit de

-la 2nd sur qui prend 1100m de dénivelé sur 5,5km suivit de sa très longue descente de quasiment 20km (9km bien techniques dans les pierres et les névés puis 10km tranquillou en sous-bois pour rejoindre le village).

 

Entrons dans le vif du sujet…

Départ à 7h, ça y est j’y suis sur cette ligne de départ, j’entends encore mon copain me dire : « tu m’en a tellement parlé de cette course que l’on dirait que c’est moi qui vais la faire ». Mais bon c’est bien moi qui suit au départ avec tous les autres trailleurs, 10min avant pour un petit briefing. C’est à ce moment que l’organisateur annonce que le parcours a été remesuré et qu’il y aura 2km supplémentaires… L’espace d’un instant je me dis que 2km ben c’est quand même 2km (de trop) mais bon l’instant d’après je me dis qu’au point où j’en suis je ne suis pas à 2km près en fin de compte!!

Bon assez parlé, le départ est lancé, après quelques mètres de plat (qui seront les seuls), la montée commence. Après 8,5km en presque 1h15 j’arrive au 1er lac, tout sourire pour l’instant photo, bon je n’ai encore fait que la partie la plus facile !! Et puis ça continue, aux ¾ de la monté un bénévole m’annonce que je suis 6ème féminine, talonné de très près par la cousine de Dawa Sherpa dont je sais que son dépassement n’est qu’une question de minutes. Néanmoins  je n’en crois pas mes yeux d’être à cette place là et à cet instant je me dis que bien que mon seul objectif était de finir la course, si je finis dans les 10 premières c’est vraiment génial. Je ne le savais pas encore mais croire en cette éventualité à ce moment de la course était totalement utopique. Ce n’était pas de la prétention de ma part mais tout simplement un peu d’inconscience du à un manque d’expérience conséquent sur une telle distance.

Quelques minutes s’écoulent et la népalaise arrive à ma hauteur, tout sourire, un visage remplit de gentillesse en m’encourageant, puis cette dernière tente d’engendrer le dialogue avec moi en me posant une question que je lui fais répéter quand même 3 fois jusqu’au moment où, voyant visiblement que je ne comprenais pas, elle me dis « do you speak english ? », et là c’est à moi de répondre « ah non désolée, allez courage, à plus tard », même pas foutue de prononcé un « no sorry », quel boulet je fais !! Quelques minutes plus tard je ne la voyais même plus ! Ca c’est un Rencontre   lol. Bon déjà que je ne suis pas douée en anglais alors à 1700m d’altitude en pleine montée, j’avoue que les mots m’ont manqué…

Bref, superbes panoramas tout au long de la montée avec pleins de lacs, et puis au somment le lac blanc rayonne de toute sa splendeur sous un ciel bleu azur, les rayons du soleil se reflètent superbement sur son eau d’un bleu troublant. Mais bon il faut quand même regarder où on met les pieds, la descente commence… Trop plaisir, je ricoche d’une pierre à l’autre, je double tous ces hommes qui visiblement ne sont pas très à l’aise en descente, j’entends que l’on me surnomme le TGV. Je sais qu’en déboulant comme ça, je vais le payer lors de la prochaine montée mais je m’en fiche je suis là pour me faire plaisir. J’arrive en fin de descente, au ravito, je fais le plein, je suis toujours 7ème derrière la népalaise. Je commence à monter et là je sens que ça va être dur, très dur, je perds de la vitesse, je me fais doubler par un bon nombre de personnes dont quelques femmes. Au cours de la montée je revois mon objectif à la baisse, finir dans les 15 premières féminines, cela sera finalement très honorable. La montée ne fait que s’accentuer, le dernier kilomètre est quasi-vertical et avec l’altitude je ne vous en parle même pas. Vous imaginez que j’ai mis 2h pour faire 5,5km du ravito situé à 2080m d’altitude au Mont Thabor à 3178m. A ce moment là pour reprendre la comparaison ferroviaire du traileur qui m’a qualifié de TGV en descente, je ressemble plutôt, non pas au TER mais davantage au train Lunéa, vous savez ces trains qui voyagent de nuit et qui mettent plus de 10h pour vous amenez à destination. Eh ben c’était moi, je me surprends même à aller à la même vitesse que les randonneurs, c’est grâve oh je suis censée faire une course non ?!, et là je regarde à plusieurs reprises mon GPS, mon allure oscille entre 2 et 3km/h, finalement rien d’étonnant que je peine à doubler quelques randonneurs !! Et là je pense aux collègues du CLES qui me traitent de moulin à paroles aux entraînements, et ben je peux vous dire que le nombre de mots qui sont sorties de ma bouche durant toute la course se comptent sur les doigts d’une main… et dire que les trailleurs de l’eco-trail m’avaient traité de pipelette, disant que tellement que je parlais à tout le monde je finissais par me répéter.

Et puis un peu plus haut, on aperçoit le sommet mais on se demande quand est-ce que l’on va y arriver, je me retourne et là je vois 2 autres féminines qui me talonnent mais sont bien en peine aussi, et qui j’aperçois, Sylvie DELLATRE, oh 3ème du challenge des trails de Provence l’année dernière, habituée aux longues distances, ça va je ne suis pas tant à la ramasse que ça. C’est un honneur pour moi de la laisser passer devant une fois l’amorcement de la descente !! Et puis, après les névés passés, je ne la reverrai qu’à l’arrivé, ce n’était pas un TGV mais plutôt un avion.

Mais revenons au parcours, une descente de folie, dans la neige sur les hauteurs puis dans les pierres. Dans la neige rendue glissante par le soleil, ça glissait vraiment beaucoup, je me suis cru aux sports d’hiver, alternant entre passages de ski se finissant en gamelle puis en luge, les fesses me brûlaient. Franchement trop dur de tenir sur les pieds, derrière moi le monsieur a faillit me rentrer dedans, devant je vois Sylvie se casser la figure à plusieurs reprises aussi. C’était folklorique ces quelques passages sur la neige, le pire c’est que j’avais les crampons dans le sac, mais le temps de les mettre… trop la flemme !!

Et puis le mal de ventre qui commence sévèrement à se faire sentir, surtout que ça ballotte dans tous les sens avec les chocs de la descente dans les grosses caillasses. Je ralentis pas mal l’allure pour ces 20 derniers km. Un peu déçue car je ne me fais pas vraiment plaisir comme lors de la première descente alors que j’ai les ressources physiques pour le faire, je perds aussi pas mal de temps et je souffre bien, mais bon je continue même si je dois marcher parfois… Et puis arrivée au dernier lac, après maintes reprises où mon pied droit s’est pris dans des petits cailloux dépassant (au moins une douzaine de fois sur la course), c’est le moment, je baptise la vallée de la Clarée de ma très célèbre roulade avant, qui, il faut le dire commence à être légendaire (ceux qui courent avec moi peuvent en témoigner). Ca s’est passé de la façon suivant : le monsieur s’écarte pour me laisser passer, je le remercie, l’instant d’après je suis entrain de rouler vers l’avant, la poche d’eau de mon sac se heurte au contact d’une pierre, j’entends un « pischt », oups j’espère que la poche ne s’est pas trouée, en tout cas bel amorti… je me réceptionne et repars comme si de rien était. Je ne me suis pas retournée pour voir la tête du gars mais il a du halluciner !! Il s’est contenté de me demander si ça aller et d’ajouter « pas mal le roulé-boulé ». Bon je passe les détails sur le reste de la descente, j’arrive au village sous les encouragements de mes parents, de Greg, Marine et Mathis, je franchis la ligne d’arriver, il était temps d’en finir… 42km, 7h31 de course… Mais toujours le sourire !! Je me suis régalée, de belles images plein la tête, de belles anecdotes, pendant tout ce temps beaucoup de choses ont eu le temps se sont passées, j’ai essayé de vous faire partagées les plus sympas. Je ne savais pas que mon corps était capable de tenir un effort physique aussi long !! Bon au matin quelques courbatures mais rien d’important, je suis déjà entrain de réfléchir au prochain trail de l’été, avant de retrouver la morosité des forêts parisiennes !!

Un petit coup d’œil sur le classement final qui commence à s’afficher, 14ème féminine sur un peu plus de 50 arrivantes, au classement hommes/femmes confondus je suis dans la première moitié du tableau puisque dans les 140 premiers sur 350 arrivants, donc c’est cool, et puis 7ème sénior. Et enfin la photo souvenir de mon père aux côtés de Dawa Sherpa qui vient clôturer ce beau moment de sport !!

Un grand merci à Pascal et Daniel pour le partage de leurs expériences et leurs conseils en tout genre, à Marine C. pour la diététique, au magasin endurance shop Aix et plus précisément à Nicolas L. pour le choix des produits énergétiques et bien sûr à tous ceux qui m’ont soutenus présents à l’arriver de la course ou non.

 

 

Laurie A.

 

Rédigé par nicolux

Publié dans #RECITS DE COURSES-SORTIES-ACCIDENTS

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